LES MAINS DANS LE COALTAR

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     Dans les années 60, on voyait parfois des wagons sortant de l’ordinaire qui éveillaient notre curiosité. C’était la plupart du temps des wagons citernes, comme par exemple celui pour « transport de goudron chaud ». Son réservoir avait un diamètre plus petit, et il était placé plus bas en traversant le châssis. Ca donnait une étrange allure au wagon, ce réservoir tout maigre, hérissé de mains courantes et enfoncé dans le châssis.
    Une cinquantaine de ces wagons avaient été construits pour le PLM, leur entretien était assuré par les ateliers de Béziers, qui étaient leur établissement d’attache. A partir de l’époque SNCF, leur utilisation s’est étendue dans les autres régions. Le réservoir surbaissé, la plateforme et ses garde-fous, ces dispositions étaient probablement là pour faciliter aux agents du service V.B., par l’ouverture de remplissage, de puiser le goudron prêt à l’emploi pour la protection des différentes installations le long des lignes (poteaux, soubassements, etc…) Cela jusqu’à une date assez tardive (années 60 ou 70 ?) car plusieurs exemplaires  à l’état d’épaves étaient encore présents en différents endroits dans les années 80 et 90… Il y en a même encore un en bon état au Chemin de Fer de Vendée.
                                                     Eric Seibel – février 2025

   Avec l’aide d’amis plus doués que moi pour les recherches sur internet, j’ai voulu savoir s’il existait des photos de ces wagons réels.

 
Le wagon réel à Béziers. Son réservoir venait visiblement d’être repeint en gris, mais en service courant il redevenait bien entendu de la même couleur que le goudron transporté.
 
Un wagon semblable quand au châssis et réservoir, de la compagnie E.L. (Elsass Lothringen).
 

       Toujours avec l’aide d’un ami j’ai découvert que la marque Sachsenmodelle avait proposé un wagon de transport de goudron, et il m’a aidé à m’en procurer un sur le marché de l’occasion en Allemagne. Mais lorsque je l’ai reçu je me suis rendu compte que si son réservoir est bien d’un petit diamètre, il n’est pas conçu de la même façon, il est constitué de deux demi-coques assemblées par rivetage tout autour, à mi-hauteur. De plus, ce réservoir ne plonge pas à travers le châssis mais est disposé classiquement au-dessus.
    Toutefois, notez que ce modèle pourrait être transformé pour obtenir un autre « monstre », cette fois pour transport d’électrolyte, comme cet exemple celui de la compagnie A.L. (Alsace Lorraine, faisant suite à l’E.L. après la 1ère G.M.)
     Un monstre de plus en perspective ….?

 
Le wagon pour transport d’électrolyte qui pourrait être obtenu par transformation du modèle Sachsen’.
 
Le modèle Sachsenmodelle (Réf. 16043).

 

LES ÉTAPES DE CONSTRUCTION
Récupération d’un châssis de wagon, tronçonnage et raboutage pour obtenir un entr’axes d’essieux de 43 mm (correspondant à 3.75 m réel).
 
Une plaque de tôle de laiton ou maillechort est préparée aux dimensions du châssis. Elle est ajourée d’un rectangle centré (dimensions 18 X 69 mm) puis collée sur le châssis pour le rigidifier.
 
Le réservoir est constitué d’un tube diamètre 18, ses bouts sont des moulages en résine.
 
Collage de cerclages en bandes rivetées de 1 mm (M.T. Réf. div 92 r), tronçon de tube Diam. 6 et bouchon provenant d’une plaque Réf. div 70, couvercle avec fermoirs de récup’.
 
Retour sur le châssis après durcissement de la colle. Découpe de l’ajour dans le plastique du châssis, en se servant de celle de la plaque métallique comme guide. Puis les extrémités de l’ajour sont meulées en arrondi au mini-disque à tronçonner pour les ajuster au réservoir.
 
Confection des deux brides de maintien du réservoir sous le châssis.
 
Une plaque de carton d’épaisseur 1.50 mm est insérée entre les essieux et le réservoir pour fixer les brides à bonne hauteur, avec de la résine époxy.
 
Le châssis vu de dessous après la fixation des brides.
 
Le réservoir peut maintenant être collé sur les brides.
 
Confection et pose d’un levier à crémaillère du frein d’immobilisation. La timonerie (fil maillechort dressé Diam. 0.4) est reliée aux sabots côté intérieur. Ceux côté extérieur sont supprimés. Sous les extrémités du châssis, les tuyauteries de vidange sont évoquées par du tube, avec des bouchons collés à leurs bouts, provenant de la plaque div 70.
 
Pose d’une plaque de tôle striée (Réf. div 57), puis d’échelles (plaque Réf. div 28) et de mains-montoirs et mains courantes en fil maillechort Diam. 0.4 .
 
Pose de supports de fanaux (AMF 87 Réf. A 440), de plaques en laiton supports des inscriptions, équipement des traverses de choc (Réf. att 01 et att 08). Enfin j’ai préféré remplacer les tampons par des M.T. Réf. T 36. 
 
LE MODÈLE TERMINÉ

  Sur la plaque d’identification, on peut voir la présence du « P » (pour « wagon de particulier ») que j’avais mis sur ma composition, par erreur car il s’agissait d’un wagon de service. Après ces photos je l’ai masqué avec un marqueur noir permanent…et supprimé de la composition ci-jointe. Si vous voulez vous faire ce wagon à votre tour, réduisez cette composition aux cotes suivantes : hauteur 7 mm largeur 15.

 
DIAGRAMMES ET INSCRIPTIONS
 
 

    Au moment où je terminais mon wagon, un ami lecteur de la revue « Le Train », m’a appris qu’Eric Decaix s’en était construit un et avait décrit sa construction par un article paru dans le N° 427 (octobre 2023).